Ce dimanche, la Martinique s'est levée après une nuit de secousses sismiques, en apprenant le décès du plus ancien prisonnier de France et d'Europe au lendemain de son 68e anniversaire.
Pierre-Just Marny vit le jour le 6 aôut 1943 à Fort-de-France.
En 1963, alors âgé de 20 ans, Marny est condamné à 4 ans de prison dont deux avec sursis pour vols de voitures en bande dont il endossera toute la responsabilité en échange de la restitution de ce qui lui était dû à sa sortie du pénitencier.
En septembre 1965, lors d'une permission qui lui avait été accordée afin de dire "au revoir" à ses proches avant de partir purger une peine en Métropole dans une maison de correction, il décide de se lancer à la recherche de ceux qui avaient été ses complices pour leur réclamer sa part du butin comme cela avait été acté.
Ces derniers l'ironisent, refusent de lui restituer son dû.
Marny, humilié, frustré, décide de se venger de ses anciens comparses.
Armé d'un fusil, il part à la recherche d'un ancien acolyte.
Dans sa tentative de retrouvailles, "La panthère noire" comme on aimait à le surnommer, fit trois morts dont un enfant de trois ans qui s'est éteint dans les bras de sa mère.
Après avoir été arrêté, Marny parvient à s'évader par le toit de la prison...
Il sera intercepté 9 jours plus tard, après avoir été reconnu par la propriétaire d'une épicerie qui signala sa présence aux forces de l'ordre.
"Encerclé par les gendarmes, Marny, par défi, refuse de se coucher. Désarmé, il reçoit une rafale de balles au poumon et à l'abdomen. Une partie de la population prend fait et cause pour lui. Trois jours d'émeutes émaillés de 40 blessés et un mort."
Le mois d'après, en novembre, Marny est expatrié vers Paris par avion militaire afin d'y être jugé en 1969 où il sera condamné à perpétuité.
Le détenu sera placé plus de trois décennies dans une unité psychiatrique spéciale pour avoir tenté de s'évader et s'en être prit à un gardien.
En 2007, après 44 années de détention, "La panthère noire" affaiblit, réintègre la détention "normale" avant de quitter le pénitencier de Fresnes en 2008 pour celui de Ducos sur son île natale où il n'avait pas posé les pieds depuis 43 ans.
Il se fit la promesse de ne jamais retourner dans les cellules fresnoises même pour l'examen psychiatrique ordonné par le Tribunal de Fort-de-France.
Marny retrouve la Martinique avec un état de santé précaire, sa vue est faible, on le dit aveugle.
Le 17 mai 2010, une ordonnance de permission délivrée par la Cour d'Appel de Fort-de-France est prescrite à Pierre-Just Marny afin de visiter ses proches sous escorte de 10h à 16h.
Depuis des comités de soutien,des artistes, des volontaires sont montés au créneau afin de réclamer la libération du plus vieux prisonnier d'Europe.
Une pétition était lancée par le Comité pour libérer Marny à laquelle j'ai modestement apporté ma signature car pour moi, bien qu'il faille prendre en compte la souffrance des familles des victimes, faut-il oublier pour autant que des criminels et tueurs en série ont été relâchés quelques années après leurs actes délictueux d'où le sentiment d'injustice envers Marny.
Comment expliquer que le responsable d'un attentat en France ayant fait 10 victimes soit relâché après une dizaine d'années de détention et que l'on refuse de libérer Marny après 48 années de détention alors que les conditions pour sa réinsertion dans la société avaient été garanties par Félix Vert-Pré et certains de ses proches?
Comment justifier que Patrick Henry ait été libéré et que Marny ait été fait prisonnier pendant presque un demi siècle tout en sachant qu'il ne présentait pas de risque pour notre société au vu de son état de santé ?
Ce matin à 4h30, Pierre-Just Marny a été retrouvé mort dans sa cellule âgé de 68 ans après 48 années de détention et une demande de grâce présidentielle vaine!
La justice française qui n'a peut-être pas encore fait le deuil de son passé colonial et qui s'enorgueillait de posséder le plus ancien prisonnier d'Europe doit certainement jubiler du décès de Marny duquel elle ne souhaitait qu'une chose: la mort derrière les barreaux !
Qu'il me soit permis de présenter mes condoléances les plus sincères aux proches de cet Homme !